Bien avant d'être censée chasser les démons, ou d'être rattachée au souvenir de saint Jean-Baptiste, l'armoise, dans la Grèce antique était vouée à Artémis, chaste et sévère déesse, et se contentait habituellement de soigner les maladies strictement féminines ou d'être abortive... On lui attribua ensuite des propriétés magiques
Marcheur endurant
Selon le Grand Grimoire bernois, "Avec des jarretières d'armoise, il n'y a point de cheval qui puisse suivre longtemps un homme à pied qui en est muni... à condition que la plante soit cueillie au moment où le soleil fait son entrée dans le premier degré du signe du Capricorne...".
Les feuilles d'armoise pouvaient aussi être mises simplement dans les souliers.
Protectrice
D'une façon générale, les plantes solaires cueillies au moment de la fête de saint Jean-Baptiste, le 24 juin, étaient réputées chargées d'un pouvoir que se disputaient magiciens et sorciers.
L'armoise, dont Apulée disait qu'elle "chasse les diables cachés et neutralise le mauvais oeil des hommes", conserve et amplifie cette réputation pour les chrétiens. Selon une légende, saint Jean-Baptiste aurait porté une ceinture d'armoise lorsqu'il était dans le désert. Ainsi sanctifiée, cette plante avait le pouvoir de chasser les démons, en particulier si l'on s'en couronnait la veille de la Saint-Jean. Au XIIIe siècle, Albert le Grand écrit : "Celui qui porte toujours sur lui de cette plante ne craint point le mauvais esprit, ni le poison, ni l'eau, ni le feu, et rien ne peut lui nuire. De plus, si l'on en tient à l'entrée de sa demeure, le tonnerre ne tombera pas dessus, ni aucun air pestilentiel ne l'infectera et nul voleur, brigand ou chenapan n'en franchira le seuil." C'est dire toute la puissance qui était attribuée à l'armoise.